top of page

Pierre qui roule…Bulletin n°7

12 Décembre 2017, par Jacques

Bibliothèque Nationale de France : ISSN 2551-3923

Pour comprendre avec qui vous voyagez, nous vous faisons passer par la cuisine avant de vous mettre à table. Comment et pourquoi  sont nés nos voyages, leur évolution et le plaisir que nous partageons volontiers avec vous.

Jacques Sanchez, rédacteur en chef

Géorgie, pays de l’hospitalité

 

La Géorgie, malgré sa petite taille est un pays aux multiples facettes situé entre deux chaines de montagnes. Le grand Caucase culmine à plus de 5500 m d’altitude  en Géorgie et présente une architecture très particulière de tours à la fois de stockage et de protection où les habitants pouvaient passer l’hiver à l’abri des intempéries ou bien attendre de pied ferme d’éventuels envahisseurs. Certains villages comme Mestia sont littéralement hérissés de ces tours-sentinelles qui semblent guetter dès le mois de novembre les premières chutes de neige. Cette Svanétie offre des paysages magnifiques comme de petites églises très anciennes où les fresques noircies par le temps et la piété des fidèles sont autant de trésors à l’iconographie parfois truculente.

                L’autre chaîne de montagne, le petit Caucase borde l’Arménie et la Turquie ce qui a justifié de nombreuses forteresses comme celle d’Akhaltsikhe. La région est suffisamment sauvage et retirée pour avoir suscité des vocations monastiques dans des lieux souvent très beaux, comme le monastère troglodyte de Vardzia creusé au flanc d’une falaise spectaculaire. Issu de ces montagnes, le fleuve Mtkvari se jette dans la mer Caspienne. Ce nom imprononçable fait rouler les consonnes en cascade comme le torrent de montagne qu’il est.

                Entre les deux chaînes de montagnes s’étend une vaste plaine triangulaire propice aux capitales : de l’Antiquité (Vani) ou des temps modernes (Mtskheta, Koutaïssi, Tbilissi). En plein centre, la ville de Gori, berceau d’un certain Joseph Djougashvili plus tristement célèbre sous son pseudonyme « d’acier », Staline. On y trouve l’une des rares statues encore debout du petit père des peuples, proche de la superbe ville troglodyte d’Uplistsikhe.

                L’histoire de la Géorgie s’écrit en lettres d’or. Jason y est venu chercher la toison d’or. On dit que les orpailleurs, à l’époque, traquaient les pépites dans les rivières non pas avec des tamis mais avec la toison de laine des moutons. La Géorgie a été l’un des premiers pays christianisés au IV° par sainte Nino qui avait créé sa propre croix en liant deux ceps de vigne avec une mèche de ses cheveux. Il s’agit d’une église autonome, nationale, qui a son propre patriarche, au même titre que l’église arménienne, par exemple. L’architecture très ancienne est de pierre bien appareillée en blocs de différentes tailles, ce qui brise les ondes destructrices de fréquents séismes. Bâtir n’est pas un vain mot en Géorgie, l’un des principaux rois du pays, David, a été surnommé le Bâtisseur.

               L’influence de Constantinople a suscité de nombreuses églises peintes comme la petite Ubissa où Damian peint une table de la Cène qui semble directement inspirée d’un banquet géorgien, le Christ en tamada. (photo ci-dessus) Qu’est-ce qu’un tamada ? C’est l’organisateur des fêtes, toutes arrosées du merveilleux vin géorgien, le Caucase en étant le berceau mondial. 500 cépages inconnus, qui n’ont pas été touchés par le phylloxera, font de la Géorgie un conservatoire du vin travaillé de manière traditionnelle dans d’immenses amphores en céramique enterrées. La culture géorgienne n’aurait donné qu’un mot au vocabulaire mondial, ce serait le mot rvino. Pour les repas de fête on boit, non pas dans des verres, mais dans des cornes de mouton, de bœuf, parfois de bouquetins (grande contenance) et quand on vous a rempli votre verre, sa forme vous interdit de le poser, vous devez le boire pour libérez votre main ! C’est aussi une terre généreuse, cultivée jusqu’au plus près des montagnes. Située en partie dans un climat subtropical, elle donne des agrumes et du thé, l’unique thé de toute l’Union soviétique et qui renaît.

                L’histoire de la Géorgie est celle d’un petit peuple arc-bouté sur ses montagnes et qui a vu passer tout au long des siècles de nombreux envahisseurs de croyances diverses. Malgré leurs puissants voisins, Perses, Turcs ou Russes, ils ont su garder leur indépendance et leur culture jusqu’au XIX° quand ils ont été absorbés par la Russie des Romanov. A l’éclatement de l’URSS,  les Géorgiens ont retrouvé leur indépendance avec soulagement et l’ont défendue en 2008 contre les Russes, encore une fois. Certains géorgiens sont encore nomades et conduisent des troupeaux de moutons s’étirant à l’infini, gardés par les rudes bergers du Caucase (les chiens).

                Ainsi, les Géorgiens sont les gens du vin, les gens de la convivialité, les gens de l’hospitalité. En quête d’une très jolie petite église au bout d’une route devenue un chemin impraticable, nous décidâmes de terminer à pied. Alors, passe un paysan sur sa charrette, il nous propose d’aller voir la récolte du maïs (à la serpette) ce qui nous ramène quelques décennies en arrière ; il y a beaucoup de personnes, d’entraide, cela se passe dans la joie. Le propriétaire de la charrette, et du champ, nous invite chez lui (nous sommes environ 15 personnes). Là, son épouse nous prépare une collation pendant qu’il nous fait visiter, son jardin, sa cave (où l’on entre par une trappe dans la chambre à coucher). Nous mangeons, nous buvons, nous bavardons, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Nous avons heureusement quelques souvenirs que nous distribuons en remerciement. En partant le maître des lieux nous invite à revenir l’année suivante. C’est ce que nous avons fait. Cette année-là,  le repas était tout prêt pour le groupe, à la géorgienne, et le maître de maison m’a glissé à l’oreille que l’année précédente ils avaient été un peu honteux de si mal nous recevoir. Depuis nous y allons chaque année, c’est pour nous le symbole de l’hospitalité géorgienne.

Le paysage, l’architecture, l’histoire, les produits, les hommes,  tout est présent en Géorgie pour un voyage varié, inoubliable dans un Caucase dont on ne sait s’il est d’orient ou d’occident. C'est pourquoi j'y emmène, accompagné de Geneviève, des voyageurs, espérons le en 2022

Autres chapitres du Bulletin :

N°1  : Ouzbékistan           N°3 : Ukraine      N°5 : Pérou

N°2 : Sibérie                     N°4 : Tibet          N° 6 Cambodge

N°8 : Chine                      N°9 : Espagne

bottom of page